Réflexion et perspective historique autour de la monstruosité de la silhouette au Japon.
par Nolwenn Pichodo
De nombreuses propositions textiles voient le jour dans certains quartiers de la capitale tokyoite (Shibuya, Harajuku, …). Ces acteurs s’inscrivent visuellement dans la lignée des designers japonais de la seconde moitié du XXe siècle.
L’enjeu dans cet article sera de tenter d’expliquer cet attrait pour ces protubérances vestimentaires, qui semble s’éloigner de l’aspect utilitaire premier des vêtements portés, et de définir les références auxquelles ces pratiques renvoient.
Robe 'Comme des Garçons' par Rei Kawakubo, exposition Rei Kawakubo/Comme des Garcons Art of the In-Between au Metropolitan Museum of Art, 2017, photo : Sarah Stierch
Le monstrueux apparaît très tôt dans les productions graphiques japonaises sous forme de contes folkloriques mêlés à une spiritualité shintoïste ou bouddhiste puis, plus récemment, dans la réhabilitation des monstres japonais dans la culture populaire depuis les années 1950.
Ces difformités physiques se retrouvent anciennement dans les armures des daimyo durant l’ère Edo (1603-1868), période à laquelle l’ukyio-e (« image du monde flottant ») prend également une ampleur considérable, en révélant des estampes peuplées d’êtres monstrueux par les artistes Kitagawa Utamaro, Utagawa Kuniyoshi, Tsukioka Yoshitoshi et bien d’autres.
Quant à la période contemporaine, on retrouve un usage de la monstruosité dans des œuvres pour le grand public, mais également dans des démonstrations plastiques gouvernementales, pour faire valoir des spécificités régionales à travers les yuru-chara (contraction de yurui mascot character, l’adjectif yurui pouvant notamment se traduire par « aimable »).
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