Ecrit par Lucile Dumont
Du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020 le Musée de Grenoble présentait pour la première fois la création de Picasso pendant la Seconde Guerre Mondiale. Accompagnés de documents d’archives, 137 peintures, sculptures, dessins et gravures permettaient de retracer les expérimentations formelles et stylistiques menées par l’artiste au cours de cette période dont il s’est fait l’inlassable témoin. En dépit de l’Occupation, Picasso fait acte de résistance en restant à Paris, un engagement qui lui a valu de nombreux éloges dès la fin du conflit mondial et qui suscite encore l’admiration aujourd’hui, en témoigne l’événement au Musée de Grenoble.
Mots clés : Pablo Picasso, exposition, Musée de Grenoble, Seconde Guerre Mondiale, Occupation, art, résistance
[Fig. 1] Pablo Picasso, Nature morte au crâne de taureau, 5 avril 1942, huile sur toile, 130 x 197 cm Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf. © Walter Klein, Düsseldorf © Succession Picasso 2019
Organisée en partenariat avec le Musée National Picasso-Paris, l’exposition Picasso, au cœur des ténèbres (1939-1945) s’est tenue au Musée de Grenoble du 5 octobre 2019 au 15 janvier 2020[1]. Le commissariat était assuré par Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble, et Sophie Bernard, conservatrice en chef des collections moderne et contemporaine du musée.
Malgré l’interdiction d’exposer, Picasso n’a jamais cessé de créer pendant la Seconde Guerre Mondiale et s’est même installé à Paris pendant l’Occupation, prenant activement part à la vie culturelle de la capitale et développant sous les yeux des nazis une œuvre contestataire défiant l’académisme cher au IIIe Reich.
L’exposition rend ainsi compte pour la première fois en France d’études récentes qui permettent de porter un regard nouveau sur cette période de création dans un contexte trouble, peu connue dans la carrière de l’artiste. De nombreux dispositifs de communication mettent en avant l’aspect unique et novateur de cet événement.
C’est à travers un parcours chronologique réparti dans les 16 salles de l’espace d’exposition temporaire du Musée de Grenoble que l’on peut suivre année par année cette intense période de production. Chaque année correspond à un ensemble de salles relativement spacieuses et est identifiée par une couleur de cimaise qui reprend un des tons du tableau Nature morte au crâne de taureau [Fig. 1] – constituant également l’affiche de l’événement. D’imposants cartels à l’entrée de chaque salle/année situent l’artiste et sa production dans le contexte historique annuel. Seules certaines œuvres bénéficient par la suite de cartels détaillés qui s’attachent davantage à leurs aspects formels et stylistiques. Ainsi guidé par une scénographie lisible et aérée, le visiteur peut découvrir parmi les peintures, sculptures, dessins et gravures exposés, les jalons artistiques marquants de l’œuvre de Pablo Picasso au cours de cette époque tragique.
LA VIE ET L’ŒUVRE DE PICASSO PENDANT LA GUERRE
Le parcours chronologique emprunté par l’exposition débute avec l’installation de Picasso dans la ville de Royan en août 1939 où il se réfugie avec Dora Maar, Marie-Thérèse Walter et leur fille. L’artiste s’installe d’abord à l’hôtel du Tigre, mais le manque de matériel et la nostalgie du dynamisme artistique parisien le poussent à retourner fréquemment dans la capitale. Bien qu’il ne fasse pas partie du corpus d’artistes condamnés lors de l’exposition dite des « arts dégénérés » organisée à Munich en 1937 à la demande d’Adolf Hitler[2], Picasso sera interdit d’exposer pendant toute l’Occupation. Malgré cette condamnation, il ne sera pas davantage inquiété par les nazis grâce à différents soutiens, au sujet desquels l’exposition n’apporte malencontreusement pas davantage d’informations.
[Fig. 2] Pablo Picasso, L’Aubade, 4 mai 1942, huile sur toile, 195 x 265 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle, Paris. © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMNGP © Succession Picasso 2019
En janvier 1940, Picasso déménage son atelier à Royan au dernier étage de la villa Les Voiliers, située au bord de mer, qui lui inspire des œuvres telles que Café à Royan, plus paisibles, aux couleurs chatoyantes, souvenirs d’un refuge idyllique qui sera détruit en 1945 par des bombardements alliés. Après l’armistice de juin 1940, il retourne pourtant définitivement s’installer dans la capitale, où il ne cesse de peintre des natures mortes et des figures féminines « au fauteuil » puis « au chapeau », inquiétantes et tourmentées, à l’image cette époque funeste. Installé avec Dora Maar rue des Grands-Augustins à Paris, Picasso subit les rationnements alimentaires et les pénuries multiples et ne réalise que très peu d’œuvres entre août 1940 et janvier 1941. Cette nouvelle année marque toutefois l’essor de la sculpture dans l’œuvre de l’artiste, qui réussit à contourner les interdictions et ainsi fondre du bronze.
En mai 1942 Picasso achève L’Aubade [Fig. 2], un tableau commencé un an plus tôt présenté dans l’exposition comme la représentation des angoisses de l’époque : le corps inerte d’une odalisque est étendu sur une banquette de fortune au centre d’une chambre close, veillé par une musicienne à la mine déprimée, agrippée à une mandoline sans corde – une description subjective qui est présentée par les cartels est présentée comme étant la seule interprétation possible de cette scène.
Bien que Picasso soit apparemment protégé des exactions des nazis, la Gestapo vient dans l’atelier de l’artiste en janvier 1943. Malgré ces intimidations, il continue de sculpter et réalise notamment en une journée le plâtre de L’Homme au mouton. Avec cette sculpture haute de plus de deux mètres – la plus grande jamais réalisée par l’artiste jusque-ici[3] – qui fait référence à la figure chrétienne du Bon pasteur, Picasso cherche à conjuguer le classicisme de sa formation au langage plastique de la modernité. Il s’agit de fait d’une contestation du canon artistique classique et héroïque imposé par les nazis – incarné par le sculpteur Arno Breker qui bénéficie d’une rétrospective la même année au Musée de l’Orangerie – auquel Picasso répond par la fragilité et l’imperfection de l’inachevé. Bien que cette œuvre semble convoquer un ensemble de références complexes, les cartels de l’exposition du Musée de Grenoble qui l’accompagnent ne l’inscrivent pas dans l’Histoire de l’art et laissent son entière compréhension aux plus érudits – une lacune que le visiteur peut déplorer à de nombreuses reprises dans l’exposition.
À partir de 1944, la violence des œuvres de Picasso s’apaise peu à peu même si la découverte des camps de concentration et d’extermination lui inspirera à nouveau des œuvres effrayantes, hantées par ces visions d’horreur. Au Salon d’Automne 1944, dit aussi « Salon de la Libération », on invite pour la première fois un artiste étranger et une salle entière est consacrée à Picasso[4] qui expose enfin sa production des années de guerre, élogieusement reçue par la critique.
Ces éléments concernant la vie de Picasso pendant la Seconde Guerre Mondiale sont étayés par des documents d’archives exposés dans des modules vitrés au centre de certaines salles. Cartes postales, lettres, carte de ravitaillement, notes de l’artiste, photographies, factures ou encore articles de journaux provenant majoritairement du Musée National Picasso-Paris ajoutent sans conteste un ancrage temporel à cette exposition.
INCARNER LA VIOLENCE : DES MOTIFS DE PREDILECTION
L’exposition du Musée de Grenoble montre que la plupart des œuvres réalisées par Picasso pendant la guerre « disent la réalité quotidienne, le journal du peintre[5] », comme le soulignait l’historien de l’art Pierre Daix. Si de cette période de création ne résultent pas de modifications formelles et thématiques déterminantes, on constate toutefois pendant ces six années de guerre la récurrence du portrait et du nu féminin, une obsession alors majoritairement incarnée par sa muse Dora Maar. Accentuant l’élégance provocatrice qui fait la réputation de celle qui l’inspire, Picasso pare son modèle d’une coiffe et commence dès le mois de mai 1939 une série de terrifiantes « Femmes au chapeau ». Les métamorphoses qu’il fait subir au visage de Dora sont interprétées par les commissaires de l’exposition comme des représentations anticipées du destin funeste à venir, suivant une approche téléologique peu novatrice. Au début des années 1940, Picasso renouvelle ce motif et s’attache désormais à réaliser plusieurs « Femme au fauteuil » ou « Femme assise », attestant ainsi de l’enfermement et d’une forme de résignation contrainte qui caractérisent ces années d’Occupation. Les recherches sur la déconstruction de la représentation du corps, que fait intervenir Picasso dans ses compositions, résonnent avec la déshumanisation et les atrocités commises par le régime de Vichy et le nazisme. Incarnant les drames de son temps à travers ces jeux sur la physionomie ou appréhendée comme un exercice de style, la figure de Dora sans cesse transformée devient ainsi le véritable « journal de guerre[6] » de l’artiste.
[Fig. 3] Pablo Picasso, Tête de mouton écorchée, 4 octobre 1939, huile sur toile, 50 x 61 cm, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Dépôt du Musée national Picasso-Paris. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / René-Gabriel Ojéda © Succession Picasso
Parallèlement, les natures mortes ainsi que les représentations de crânes d’animaux et de têtes de mort apparaissent comme des allégories de l’indigence qui disent autant les difficultés quotidiennes matérielles que les tragédies de ces années de guerre. Le motif du crâne n’est toutefois pas nouveau dans l’œuvre de l’artiste, mais durant cette période il le traite de façon davantage réaliste, moins stylisée. Le tableau Tête de mouton écorché [Fig. 3] peint en 1939, par le rendu des détails, du coloris et la touche qui rappellent une chair mise à vif, témoigne de son angoisse face aux drames à venir.
Tout au long de la guerre, Picasso ne représente pas directement le conflit mais en montre les conséquences intimes et psychologiques. L’animalisation et l’altération de l’anatomie sont alors des solutions plastiques symboliques pour Picasso qui cherche à exprimer dans ses œuvres la violence et la cruauté de cette époque. Des œuvres reprenant ces motifs se retrouvent dans la plupart des salles et les évolutions que cherche à montrer l’exposition peuvent parfois être difficilement saisissables par le visiteur.
L’ARTISTE TEMOIN DE SON TEMPS : UN MYTHE AU CŒUR DE L’EXPOSITION
Contrairement à d’autres artistes qui ont quitté la capitale, Pablo Picasso a fait le choix de rester à Paris pendant l’Occupation. Au-delà de six années d’expérimentations artistiques, la persistance de la création de l’artiste pendant cette période trouble constitue un véritable acte de résistance mis en valeur par l’exposition du Musée de Grenoble.
Ce regard héroïsant porté sur l’artiste ne constitue pas un réel renouvellement de la connaissance de cet artiste : dès la fin du conflit mondial, les contemporains de Picasso le couvraient déjà d’éloges pour son courage et sa détermination artistique et cet engagement politique fut rapidement salué dans nombre d’écrits dédiés à l’artiste. En effet, même s’il n’a pas appartenu à la Résistance, son engagement artistique durant la guerre est salué par nombre d’intellectuels, fortement soutenus outre-Atlantique par Alfred Barr qui dès 1939 avait organisé une rétrospective de son œuvre au Museum of Modern Art de New York[7]. S’il apparaît incontestable de saluer la prise de position artistique de Picasso, l’exposition semble toutefois en faire une caractéristique de l’archétype de l’artiste dont la vocation serait d’être le témoin de son temps.
Néanmoins, l’exposition Picasso au cœur des ténèbres (1939-1945) atteint un de ses objectifs et replace la création de l’artiste dans l’Histoire, comme il l’avait fait lui-même en réalisant des œuvres imprégnées du contexte tragique de l’époque. Il aurait été cependant intéressant d’élargir le propos au-delà des faits historiques et intégrer les œuvres exposées dans l’histoire de l’artiste et de sa création, et donc dans l’Histoire de l’art. Seuls des visiteurs déjà initiés aux références nombreuses et hétéroclites de l’artiste, des apports et des conséquences stylistiques de son œuvre, peuvent effectuer ces liens trop rarement mentionnés dans l’exposition[8].
Si Picasso est présenté comme l’incarnation du paradigme de l’artiste témoin de son temps, le contenu de l’exposition n’aborde pas en profondeur l’ancrage de l’artiste dans son époque. En effet les cercles de sociabilités dans lesquels il s’inscrit, et qui lui assurent un solide soutien lui permettant de développer son œuvre pendant ces six années de guerre, ne sont que peu détaillés dans l’exposition. Quelques documents d’archives laissent entrevoir les réseaux de l’artiste mais davantage d’éléments concrets concernant les soutiens qui lui ont permis de maintenir sa création, alors même qu’il était condamné par le régime nazi, auraient permis d’éclairer cet aspect.
La production de Picasso pendant la guerre peut être à bien des égards considérée comme un acte militant, un aspect de son œuvre sans cesse mentionné dans l’exposition. Durant l’Occupation, les créations plastiques ne représentent pourtant qu’une faible part des œuvres de résistance, contrairement à celles produites dans le domaine de la littérature[9]. La pluralité de la création artistique dissidente au cours de cette période n’est absolument pas évoquée par l’exposition, alors même qu’il aurait semblé pertinent d’établir des liens entre ces engagements artistiques convergents et l’œuvre de Picasso.
Finalement les éléments d’archives présentés dans l’exposition constituent davantage de solides témoignages permettant d’étayer la connaissance déjà établie de l’œuvre de Pablo Picasso pendant la Guerre, que des documents détaillés renouvelant la compréhension de sa création. Le parti pris de situer la production d’un artiste dans une période historique restreinte ne semble donc pas entièrement exploité. L’exposition propose un discours peu innovant sur l’artiste, présenté comme un héros créateur, seul à faire œuvre de résistance face à l’oppresseur et dont le nazisme n’a pas su entraver le génie.
Annoncée comme la première occurrence française de la présentation de l’œuvre de Picasso pendant la Seconde Guerre Mondiale, le sujet de cette exposition n’en demeure pas moins déjà traité et ce depuis plusieurs décennies. Entre autres événements, l’exposition Picasso qui s’était tenue à Cologne entre décembre 1987 et juin 1988[10] permettait d’« éclairer une période mal connue de la vie de l’artiste » et révélait déjà « à quel point la période de l’Occupation fut cruciale et fertile », comme le soulignait l’historienne de l’art Laurence Bertrand Dorléac dans un article de la revue Histoire[11]. Pas moins d’une dizaine d’expositions ont été consacrées à l’œuvre de Pablo Picasso en France en 2019, dont l’une d’entre elles organisée du 5 avril au 28 juillet 2019 au Musée de l’Armée à Paris intitulée Picasso et la guerre[12]. Bien que la chronologie explorée par cet événement parisien dépasse le cadre de la Seconde Guerre Mondiale, on remarque que parmi les œuvres sélectionnées pour cette période figure L’Homme au mouton, également présentée au Musée de Grenoble. Le communiqué de presse du Musée de l’Armée fait valoir le caractère inédit de l’exposition, qui propose elle aussi de faire dialoguer les œuvres de l’artiste avec « un ensemble de pièces contextuelles »[13], et nous invite une fois de plus à remettre en question la singularité tant acclamée de Picasso, au cœur des ténèbres.
Pablo Picasso considérait que son œuvre était « une façon de tenir un journal »[14], une vision romancée et romantique du travail d’artiste, reprise par nombre d’historiens et d’intellectuels. L’exposition du Musée de Grenoble s’inscrit ainsi dans la tradition des récits au sujet de Pablo Picasso et, fidèle à ses propos, suit cette approche de la création comme une chronique historique, sans jamais la dépasser. Picasso au cœur des ténèbres (1939-1945) réactive ainsi le mythe de l’artiste témoin de son temps, à la fois ancré dans son époque et la dépassant grâce à une forme de sensibilité géniale, lui permettant de préfigurer dans ses œuvres les événements à venir.
[1] Cette exposition est le résultat d’une coproduction menée entre le Musée de Grenoble et le Kunstsammlung Nordrhein – Westfalen de Düsseldorf où elle est montrée depuis le 15 février et ce jusqu’au 14 juin 2020. [2] SCHLESSER Thomas, « L’art en conflit » in L’art face à la censure : Six siècles d’interdits et de résistances, Paris, Beaux-Arts Editions, 2019, p. 156. [3] GAUDICHON Bruno (dir.), Pablo Picasso : L’Homme au mouton (cat. exp.), Gand, Editions Snoeck, Gand, 2018, Roubaix, La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent, 2018, p. 124. [4] DAIX Pierre, Picasso, Paris, Editions Aimery Somogy, 1964, p. 188. [5] DAIX Pierre, Picasso, Paris, Editions Aimery Somogy, 1964, p. 183. [6] Picasso, au cœur des ténèbres (1939-1945), Dossier de presse de l’exposition, p. 16. [En ligne] http://www.museedegrenoble.fr/1974-presse.htm?, consulté le 12.11.2019. [7] Forty Years of His Art, Museum of Modern Art, New York, du 15 novembre 1939 au 7 janvier 1940. [8] De rares cartels mentionnent brièvement un certain héritage surréaliste au sujet de certaines œuvres, l’approfondissement d’expérimentations initiées dans les années 1930, ou encore le renouvellement du genre du portrait à travers certains de ses tableaux. [9] SCHLESSER Thomas, « L’art en conflit » in L’art face à la censure : Six siècles d’interdits et de résistances, Paris, Beaux-Arts Editions, 2019, p. 169. [10] Picasso, Ludwig Museum, Cologne, du 26 avril au 19 juin 1988. [11] BERTRAND DORLEAC Laurence, « Picasso : leprs années d’Occupation », Histoire, n°115, octobre 1988. [En ligne] https://www.lhistoire.fr/picasso-les-années-doccupation, consulté le 10.12.2019. [12] Picasso et la guerre, Musée de l’Armée, Paris, du 5 avril au 28 juillet 2019. [13] Picasso et la guerre, Dossier de presse de l’exposition, p. 4. [En ligne] https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Communiques_Presse/MA_Dossier_de_presse_Picasso_et_la_guerre_FR.pdf, consulté le 28.12.2019. [14] Propos recueillis par le critique d’art Tériade. Voir « En causant avec Picasso », L’Intransigeant, Année n° 53, 15 juin 1932. [En ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k793685x/f1.item, consulté le 10.12.2019.
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