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Glossaire & Terminologie 

Écrit par Caroline Ramadas

Les œuvres

- L'authenticité :

Est la reconnaissance de la paternité (au sens juridique) ou/et de l’originalité d’une œuvre ou objet d’art. Elle peut être prouvée par le contrat passé entre le commanditaire et l’artiste/créateur de l’objet et œuvre d’art, ou par un certificat d’authenticité produit par les experts et l’expertise. L’authenticité d’une œuvre est une qualité culturelle productrice de valeur (BOISDEFFRE, 2014). La valeur se caractérise également par la connaissance de : l’artiste/créateur, l’ancienneté, son lieu de naissance et son état de conservation (les restaurations subies aussi).  

- La contrefaçon : 

En droit, la contrefaçon « consiste à reproduire ou de façon générale à utiliser une marque, un brevet, un dessin, un modèle ou une œuvre, sans l’autorisation du titulaire des droits » (Fiche pratique de la contrefaçon de la DGCCRF, 2020) en faisant croire à son authenticité. Bien que la contrefaçon concerne plus souvent l’équipement des personnes, elle peut aussi s’appliquer à l’art. La différence entre la contrefaçon et le faux se fait dans le domaine juridique.

En droit, la contrefaçon consiste à porter atteinte aux droits de la propriété intellectuelle d’un auteur/créateur. Le faux se réfère davantage à l’imitation de la signature ou du signe distinctif d’un artiste sur une œuvre. La distinction est importante pour connaître l’application du régime juridique en cas de litige. La réglementation de la contrefaçon ne protège pas du faux : Le droit de paternité permet au créateur/titulaire des droits de réclamer que son nom figure sur une œuvre mais ne l’autorise pas à demander la suppression de son nom sur une œuvre qui n’est pas la sienne. Une contrefaçon n’implique pas toujours le faux et inversement, il arrive par ailleurs qu’une reproduction soit en même temps une contrefaçon et un faux :

  • Une contrefaçon n’est pas un faux quand il y a reproduction d’une œuvre sans la présence d’une signature ou signe distinctif du créateur.

  • Un faux n’est pas une contrefaçon quand une imitation « à la manière de » possède la signature ou le signe distinctif du créateur/artiste d’origine.

  • Un faux est aussi une contrefaçon quand une copie (avec intention de duper) possède une signature ou signe distinctif. (DUPIN Hélène & DEBU-CARBONNIER Noémi, 2017)

Le code de la propriété intellectuelle entend par contrefaçon tous les actes d'utilisation non autorisée de l'œuvre. En cas de reprise partielle de cette dernière, elle s'apprécie en fonction des ressemblances entre les œuvres. La simple tentative n'est pas punissable.

- La copie :

Du latin copia qui signifie abondance et qui donne « copie », l’idée de copier amène, la prolifération, l’accumulation, la quantité. Dans l’art, la copie est la duplication d’une œuvre unique. Toutefois, il est important de savoir que la copie n’est forcément illégale. Elle se différencie justement du faux car elle n’a pas vocation à tromper et mentir sur les origines de l’œuvre. La copie peut être faite par l’artiste lui-même, ou par des copistes qui en ont l’autorisation. L’histoire de la copie fait partie de l’histoire de l’art. En effet, les artistes se sont longtemps exercés en faisant des copies, comme Picasso qui a copié Manet ou Cézanne qui faisait des copies de Rembrandt. Beaucoup de statues romaines aujourd’hui sont des copies des originales grecques qui ne nous sont pas parvenues : la copie peut s’avérer très utile dans ce cas.
Le musée du Louvre et celui d’Orsay, encadrés par le décret n° 1255 du 11 mars 1957 – Article 41, acceptent la présence de copistes et distribuent des autorisations, mais sous certaines conditions : 

  • L’œuvre doit être d’un auteur décédé depuis plus de soixante-dix ans.

  • La durée de production de la copie ne doit pas dépasser un trimestre.

  • L’œuvre ne doit pas être de la même taille que l’original.

  • Il est interdit de reproduire la signature de l’artiste.

  • La toile destinée à la reproduction qui entre dans le musée est tamponnée, numérotée, datée et le rappel du décret n° 1255 du 11 mars 1957 – Article 41 est inscrit au dos par le responsable des copistes du musée.

  • La date de sortie du musée de la copie est mentionnée par le responsable des copistes.

- Le faux :

Du latin falsus signifiant tromper. C’est tromper, duper quelqu’un. Le faux dans l’art est de faire croire au vrai, à l’authentique. C’est tromper le regard du spectateur en faisant passant une œuvre fausse pour une vraie. Un faux tableau est une copie contrefaite d’une œuvre. C’est attribuer la paternité d’une œuvre à un autre artiste que celui qui l’a faite, souvent un artiste plus célèbre. On y retrouve la signature ou un signe distinctif du créateur/artiste copié.

Selon Otto Kurz, le premier artiste victime de la copie/contrefaçon est Albrecht Dürer, en 1505. Marcantonio Raimondi qui copiait Dürer et son monogramme a été confronté par Dürer à Venise. Raimondi avait réalisé soixante-neuf copies en cuivre des gravures en bois de l’artiste, en imitant sa signature. (BONNAIN-DULON, 2007). La production de faux a certainement connu un essor pour des raisons économiques. À l’époque moderne, il y a une augmentation des amateurs d’art et de l’intérêt pour la peinture. La demande étant si élevée que des peintres (faussaires) ce sont spécialisés mis dans la reproduction de peintures et de chefs d’œuvre à des fins lucratives, en faisant croire à l’acheteur qu’il s’agissait de l’original ou une copie de l’artiste. Il y a ainsi beaucoup de faux de Boucher et Watteau. Le faux peut aussi avoir été réalisé pour prouver la dextérité d’un jeune artiste en quête de légitimité, comme l’a fait Michel-Ange avec sa fausse sculpture antique.

Aujourd’hui, le faux est illégal et condamnable par la loi. Les premières lois concernant l’interdiction des faux en France ont débuté au XIXe siècle avec la loi du 9 février 1895 sur les fraudes en matière artistique, renforcée en 1957 par le décret sur la propriété intellectuelle et artistique. Le décret dit Marcus de 1981 composé de 10 articles précise les modalités des termes à employer lors des descriptions d’œuvre dans le cadre des ventes aux enchères.

- L'imitation :

Du latin imitor, aris, ari, atus sum signifiant reproduire, être semblable à, simuler. C’est une copie qui sera « à la manière de » ou « de l’école de ». Il ne s’agit pas de refaire à l’identique l’œuvre d’art mais d’imiter, d’être semblable au style, thème d’un artiste et de ses productions artistiques.

- Le pastiche :

Pasticher c’est reproduire « à la manière de » ou « dans le style de » une œuvre ou objet d’art. 

- La reproduction :

La reproduction est le résultat de l’action de reproduire. Il s’agit de refaire fidèlement, pareillement à un modèle. Ici, il s’agira de reproduire une œuvre déjà existante.  Souvent utilisé comme synonyme de copies, imitations ou faux, il s’agit d’un terme plus général. Seul, il ne traduit aucune valeur légale ou illégale d’une œuvre reproduite. À la boutique du Musée d’Orsay à Paris, il y a de petites sculptures qui sont à vendre. On retrouve notamment L’Ours Blanc de François Pompon dans différents formats et matières. Sur le cartel de vente à la boutique, on retrouve : 

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« PETIT OURS BLANC

Reproduction en résine patinée à la main

D’après François POMPON (1855 – 1933)

Original en marbre

Paris, Musée d’Orsay

190 € »

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« GRAND OURS BLANC

Reproduction en résine patinée à la main

D’après François POMPON (1855 – 1933)

Original en marbre

Paris, Musée d’Orsay

498 € »

- Le tirage authentifié :

Le tirage authentifié est la reproduction d’une œuvre de façon légale et faite ou autorisée par l’artiste. C’est une reproduction authentique, elle possède donc une qualité culturelle et productrice de valeur. Souvent, l’artiste/créateurs/ayant droit a fixé un nombre de tirage, et ce nombre est mentionné sur l’œuvre ainsi que le numéro de cette dernière avec la signature.

On retrouve le tirage authentifié dans plusieurs domaines :

  • L’impression : Des reproductions numériques (souvent de qualité) d’une œuvre peinte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • L’impression 3D : Reproduction exacte d’un tableau, avec le cadre et mentions/étiquettes d’authentification au dos.

  • La photographie : Ce sont les photographies développées à partir de la même pellicule.

  • La sculpture : Ce sont les sculptures issues du même moule dans la limite de sept tirages maximums.

Claire DUPLOUY, Paysage Corse, aquarelle, 29,7 x 21cm.,

« Reproduction numérique d’une aquarelle limitée à 50 exemplaires, numérotée et signée par l’artiste, Papier 300gr recyclé »

Claire Duplouy .jpg

- NFT (Non Fongible Token ou jeton non fongible) :

C’est un actif numérique dont l’unicité est garantie par la technologie blockchain. La blockchain est une technologie qui permet l’immuabilité des informations enregistrées en elle. Un NFT en tant que bien numérique, peut être une représentation numérique visuelle (une image, une image animée, une vidéo…) qui est incorporée dans la blockchain et cela renvoie donc à un certificat de propriété de l’image ou vidéo (AZIMI, 2022)

Aujourd’hui, le NFT pose problème dans le cadre de la loi sur la propriété intellectuelle car il n’est pas encore régularisé.

Les acteurs du faux

- Le copiste :

Le copiste est la personne, artiste qui habilitée par l’artiste/créateur (ou non, cf au Musée du Louvre) d’un œuvre de copier son œuvre. Il est dans le statut légal de la reproduction d’une œuvre. 

- L'élève :

L'élève est celui qui reçoit l’enseignement d’un maître et qui est en phase d’apprentissage. Ce terme est important lors de l’apparition du terme « de l’école de » car il désigne une personne qui a bénéficié de la technique, de l’instruction et/ou de l’influence d’un maître

- Le faussaire :

Le faussaire spécialistes des reproductions de faux et d’œuvres frauduleuses.

- L'imitateur :

L’imitateur producteur d’imitations, d’œuvres « à la manière de », « dans le goût de », « style », « genre de », « d’après », « façon de », c’est-à-dire de reproductions qui ne disposent d’aucune garantie d’authenticité. 

L'expertise

- Le connoisseurship:

La discipline du connoisseurship est née au XVIIème siècle. Elle peut se définir comme « l’art de la connaissance de l’art » (BOISDEFFRE, 2014). C’est une pratique de l’expertise pour la recherche de l’authentification qui se définit comme un art et une science. Cette discipline d’érudit est directement rattachée aux connaissances de l’histoire, des œuvres, des techniques, collections, des marchés. Une attention particulière est portée à l’analyse stylistique des artistes.

- Le connoisseur :

Le connoisseur n’est pas forcément un historien de l’art ou un expert, il peut aussi être un amateur d’art qui se passionne pour la recherche de l’authenticité des œuvres grâce à un ensemble de connaissances et de savoirs, d’une culture. C’est un amateur et/ou un érudit. 
Giovanni MORELLI (1816 – 1891, au pseudonyme Ivan Lermolieff) est l’un des connoisseurs les plus connus. Il a étudié la médecine et l’anatomie, il était aussi un grand collectionneur. C’est lui qui a attribué La Vénus Endormie à Giorgione, alors qu’elle était jusque-là attribuée à Titien. Son travail se concentre surtout sur l’analyse de détails, tels que les ongles et les oreilles. Son ouvrage le plus connu est Della pittura italiana: studi storico-critici, Milano, F.lli Treves, 1897. La « méthode Morelli » consiste à l’analyse très poussée des extrémités (les mains, les pieds), les doigts et les ongles, et le nez dans les tableaux afin d’y trouver l’origine, la paternité ou une date. Puis, à la lumière de ces éléments il  compare les œuvres entre elles. Selon lui, ces éléments n’étaient pas enseignés aux élèves dans les ateliers, et les copistes ne pouvaient pas atteindre un tel degrés de perfection. Ainsi il est possible d’attribuer de manière sûre la paternité d’une œuvre. (ANDERSON, 1987)

- L'expert :

L’expert est celui qui fait une expertise consistant en une description détaillée, une enquête de paternité, de datation et d’estimation d’une œuvre. L’expert peut être un travailleur indépendant, qui œuvre en collaboration avec des maisons de vente. L’expert est souvent spécialisé, soit dans une époque, soit dans un style ou dans certains artistes. Lors du rendu d’un certificat d’authentification, les experts engagent leur responsabilité civile et une garantie de leur travail. En cas de contre-expertise, et/ou erreur d’attribution, il existe un droit d’annulation.

Réfléchir à comment définir la différence entre connoisseur et expert 

La différence entre une connoisseur et un expert réside dans l’utilisation de l’intuition. Les connoisseurs, à l’inverse des experts et expertises se concentrent uniquement sur l’analyse du dessin et ses détails. Les détracteurs de la « méthode Morelli » et Giovanni MORELLI, comme le directeur du Musée de Berlin de l’époque : Wilhem von Bode qui écrit en 1891 : « Ce que nous affirmons est que les formes en général et plus spéciale ment celles de la main et de oreille nous aident distinguer les œuvres d’un maître de celles de ses imitateurs et qu’elles contrôlent le jugement que des impressions subjectives pourraient nous amener prononcer ». (ANDERSON, 1987).

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