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Micro-trottoir

Micro-trottoir écrit, enregistré et réalisé par Sofia Accebbi et Morgane Mainguy.
Version écrite

En deuxième année de Master d'Histoire de l'art à l'Université Lumière Lyon 2, les étudiantes et les étudiants travaillent sur la notion de faux en art, qui donne origine à ce site qui regroupe plusieurs études de formes variées ; de la recherche en archives à la rédaction d'articles, en passant par la création de podcasts. Parmi cette effervescence de médias, nous avons sélectionné celui de la vidéo, en particulier du micro-trottoir, un genre d'enquête qui permet de descendre dans la rue et de se rapprocher d'un public ciblé, afin d'explorer le plus de réponses possibles à une même question.

 

Savoir ce que c'est un faux en arts visuels n'est pas chose évidente : la difficulté d'attribuer des œuvres anciennes à tel ou tel artiste ; la question du savoir-faire artisanal comme critère d’attribution du qualificatif de "chef d'œuvre"; la distinction entre réinterprétation ou simple copie ; toutes ces problématiques viennent complexifier la définition de ce qu’est un faux dans l'art.

 

Nous avons décidé d'enquêter sur l'opinion publique concernant cet objet, le faux, à l'apparence évidente mais qui se révèle complexe après une réflexion plus approfondie : nous avons choisi en particulier la question de la présence du faux au sein des musées français, afin de préciser notre recherche.

Ce sondage sur le faux et la contrefaçon dans le monde des musées veut explorer la connaissance et l'opinion d'un petit échantillon de personnes sur la question, avoir leur avis rapide et évaluer l'intérêt général du public pour ce phénomène. Afin de pouvoir écouter des points de vue hétérogènes, nous avons interrogé quelques personnes de passage sur la Place des Terreaux, sans critère d'âge, de genre, ou autre, en face du Musée des Beaux-Arts de Lyon.

 

Chaque personne interviewée a pu échanger avec nous rapidement et nous expliquer sa propre vision, son avis sur la question du faux, répondant à quelques courtes questions que nous avons posées :

 

Pensez-vous qu’il y ait des faux dans les collections muséales françaises ?

Si oui, à combien (en %) les estimez-vous sur le marché de l’art ?

 

Ces deux premières questions nous ont permis de comprendre quelle est l'opinion établie chez le public, mais surtout si cela avait déjà été occasion de réflexion : certaines personnes interrogées avaient déjà réfléchi à cette question, d'autres la découvraient et se confrontaient à leurs doutes en échangeant avec nous.

La deuxième question en particulier, nous a permis de mieux évaluer quelles sont les convictions du public sur ce thème. Certains étaient surpris d'apprendre qu'il y a effectivement une partie des œuvres exposées dans les musées à considérer comme "fausses", et que cette portion, selon plusieurs experts, peut arriver jusqu'à 30% du total des objets exposés. (Sabine Gignoux, « Entretien avec Jean-Jacques Neuer, avocat d’affaires internationales », La croix,

Avril 2014). Toutefois ce chiffre reste assez imprécis : comme le signale Jean-Jacques Neuer, avocat en affaires internationales, il explique que ce chiffre est invérifiable. (Sabine Gignoux, « Entretien avec Jean-Jacques Neuer, avocat d’affaires internationales »). La situation est d’ailleurs bien différente selon les types de musées locaux, nationaux ou à rayonnement international.

Selon Harry Bellet, auteur de l’ouvrage, Faussaires illustres, le Metropolitan Museum de New York abriterait 40% de faux dans ses collections il tire ce chiffre de l’ouvrage de l’ancien conservateur du Met, Thomas Hoving False Impressions, publié en 1997. Mais plus encore, le musée Etienne Terrus situé dans la ville d’Elne dans les Pyrénées orientales aurait conservé 60% de faux dans la totalité de sa collection suite à la constitution de sa collection sans grande rigueur. (Philippe Reltier, « Faux tableaux : quand les musées d’art et les experts se font avoir », France Culture, septembre 2018)

 

Martine Robert explique d’ailleurs son article « Art : Le puits sans fond de la contrefaçon », publié dans le quotidien Les Echos que : depuis 2019 la contrefaçon dans l'art est devenue une véritable industrie, générant environ 6 milliards d'euros par an. »

 

 

Selon vous, quel est l’artiste (ou les mouvements artistiques) le(s) plus contrefait(s) ?

 

Cette question vise à nous donner une idée des connaissances générales du public sur le sujet, et les artistes les plus connus et ancrés dans l'imaginaire collectif. Plusieurs réponses ont anticipé la question suivante, dirigeant nos conversations sur les problématiques d'auctorialité, de travail d'atelier et de reconnaissance d'un statut d'artiste changeant au cours des époques.

Notons que parmi les artistes les plus plagiés, nous retrouvons chez les peintres : Picasso, Klein, Dali, les impressionnistes, mais également Koons, et, parmi les sculpteurs, Giacometti, Rodin et Camille Claudel (Martine Robert, « Art : Le puits sans fond de la contrefaçon », Les Echos, août 2019).

 

 

Pensez-vous qu'un faux puisse être considéré comme de l’art ?

La dernière question que nous avons posée à nos interviewés est volontairement ambigüe : l'utilisation du terme "faux", imprécis mais déjà défini par les questions précédentes, a laissé chaque personne explorer la question de manière différente. Toutes les réponses nous ont permis d'enrichir nos considérations sur le sujet, la question étant très ouverte il n'y avait pas de réponse précise ou une conclusion à atteindre, mais plutôt une ouverture et un dialogue. Nous espérons que les différentes pistes de réflexion proposées par cette série de rencontres pourront inspirer de nouvelles cogitations, analyses et introspections. Qu'elles puissent inspirer toute personne qui a suivi notre recherche jusqu'ici.

 

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont accepté de nous répondre et qui ont pris le temps d'échanger avec nous. Leurs idées sont entendues et accueillies et elles seront une source de nouvelles considérations pour nous et pour celles et ceux qui les écouteront.

 

 

Bibliographie :

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