Écrit par Noura BAKKAR, Lou CASIER, Weiwei ZHANG.
Étant l'un des artistes les plus copiés du XXe siècle, Amadeo Clemente Modigliani (Liverno, 1884 - Paris, 1920) présente des difficultés pour l'authentification de ses œuvres. La question de l'attribution implique d'énormes enjeux financiers sur le marché de l'art. En 2002, Marc Restellini, historien de l'art et spécialiste de Modigliani, a dû abandonner le projet d'un catalogue raisonné de Modigliani commandé par l'Institut Wildenstein à cause des menaces et des poursuites de collectionneurs qui détenaient des œuvres exclues du catalogue (Adam, 2002). La majorité des œuvres d'art connues de Modigliani sont des peintures ou des dessins, sur lesquels le catalogue s'est concentré. Cependant, pendant une brève période de 1909 à 1914, Modigliani a également créé des sculptures, dont beaucoup de têtes ou de bustes féminins. La sculpture en bronze Tête de femme au Musée des Beaux-Arts de Lyon attribuée auparavant à Modigliani a été identifiée ces dernières années comme un faux et associée à un autre sculpteur italien nommé Dario Viterbo.
Comment s’opère l’expertise dans l’attribution d’une œuvre telle que la Tête de femme ? En examinant la documentation muséale sur cette sculpture, en contactant le chercheur qui a attribué l’œuvre et en consultant d’autres sources, nous retraçons le processus de l’attribution de la Tête de femme et discutons le rôle de l’expertise dans le processus.
Le cheminement de la Tête de femme
Avant d’obtenir un tirage en bronze, le sculpteur doit passer par la phase d’un plâtre. Il va créer un ou plusieurs plâtres pour tirer l’image de son bronze. Le bronze sera donc tiré d’un original en plâtre. Le plâtre original est aujourd’hui impossible à retrouver. Avant 1953, le plâtre était dans la collection d’un monsieur Georges Roger. Une lettre de Gio Colucci à Monsieur de Léonardi (deux sculpteurs basés à Paris) en 1953 expliquait que Colucci avait cédé le plâtre Tête de jeune femme (authentifié par Jeanne Modigliani dans une lettre de 1952) à de Léonardi et avec le plâtre également le droit de l'utiliser librement (Documentation du Musée des Beaux-Arts de Lyon, ci-après MBA).
Les tirages en bronze à partir du plâtre ont connu des histoires diverses. Le bronze du Musée des Beaux-Arts a été achetée par le musée à la Galerie Malaval à Lyon en 1956. Il semblerait que la Tête en bronze du musée des Beaux-Arts de Lyon ait été vendue aux enchères à la Galerie Georges Giraux à Bruxelles en 1953 avant d’être revendue à Lyon en 1956. La fiche actuelle de l’œuvre au musée indique que la tête était numérotée 9/10 sur le bas, ce qui signifie qu'il s'agit du neuvième exemplaire sur un total de dix. Pourtant, un premier problème apparaît ici car Madeleine Rocher-Jauneau, dans une lettre (post 1956) envoyée à la fille de l'artiste et historienne de l'art Jeanne Modigliani, précise qu'elle est numérotée 10/10 (MBA). Dès 1952, une lettre de Jeanne Modigliani confirmait que la Tête en bronze acquise par le musée était l'une des dix réalisées à partir d'un plâtre original de son père datant de sa période italienne. Elle y joint des photos du plâtre qui servit de modèle pour la version en bronze (MBA). Mais ceci entre en contradiction avec le fait que Modigliani a produit la majorité de ses sculptures de 1909 à 1914 à Paris, période après laquelle il est revenu à la peinture.
En 1956, Rocher-Jauneau demande par lettre à Jeanne Modigliani si elle a connaissance des lieux où se trouvent les huit autres bronzes (à l'époque on connaissait un collectionneur à Lyon qui avait une autre tête), mais Jeanne ne le précise pas (MBA). En 1958, une lettre d'Agnès Humbert du Musée national d'art moderne à Rocher-Jauneau indique que la sculpture Buste de jeune fille a passé sept fois la douane entre 1953 et 1957, mais elle suppose que ces têtes de femme n’étaient pas numérotées (MBA). Par cette affirmation, on apprend que des copies ont été réalisées et sont encore sur le marché. Un autre exemplaire en bronze, de dimensions similaires, est conservé au Seattle Art Museum. Le cartel du musée mentionne la sculpture comme étant une œuvre de Modigliani de 1913. Il provient également de la Galerie Georges Giraux dans les années 1950 (Seattle Art Museum). Aujourd'hui, quelques autres têtes en bronze du même plâtre son conservées dans différents endroits du monde. En dehors de Seattle, on en trouve une à l'Opera Gallery de Singapour (Opera Gallery, 2019), et l’une est passée aux enchères en 2021 (Rennes Enchères, 2021).
Les questions de l’authenticité
Á ce stade, on peut se poser un certain nombre de questions sur l'attribution de la sculpture. Premièrement, le plâtre dont sont coulés les bronzes est-il un plâtre original de Modigliani ? L'attribution précédente reposait principalement sur le témoignage de sa fille Jeanne Modigliani. Elle affirma qu'il s'agissait d'un original de son père et qu'il n'existait qu'une dizaine de sculptures réalisées à partir de celui-ci. Mais elle précisa que c'était de sa période italienne, ce qui contredit la principale période de sculpture de Modigliani à Paris.
Deuxièmement, qui a réalisé les sculptures en bronze à partir du modèle en plâtre, et en quelle année ? Si l'on admet que le plâtre sur les photographies fournies par Jeanne est de Modigliani, les bronzes ont-ils été réalisés par lui ? Réaliser des sculptures en bronze à partir de plâtre nécessitait souvent la collaboration d'autres spécialistes, il est peu probable que Modigliani ait pu les réaliser lui-même.
Alors la question se précise : est-ce que quelqu'un a fait les bronzes à la demande de Modigliani de son vivant ? Comme plusieurs bronzes sont apparus dans les années 1950, il semble peu probable qu'ils aient été réalisés du vivant de l'artiste. Si l'on croit qu'elles ont été faites après sa mort, Modigliani a-t-il autorisé la réalisation de bronzes à partir de ses plâtres ? S'il ne l'avait pas fait, les bronzes obtenus ne pourraient pas être considérés comme son œuvre.
Il faut noter que des lois concernant les œuvres d’art en bronze existent en France, notamment le décret n° 81- 255 du 3 mars 1981 statuant sur la répression des fraudes en matière de transaction d’œuvres d’art et d’objets de collection et l’article 71- 3 de l’annexe III du Code Général des impôts (Perrault, 1992) :
Art. 9 : Tout fac-similé, surmoulage, copie ou autre reproduction d’une œuvre d’art originale au sens de l’article 71 de l’annexe III du Code général des impôts, exécuté postérieurement à la date d’entrée en vigueur du présent décret doit porter de manière visible et indélébile la mention “Reproduction”.
3) à l’exclusion des articles de bijouteries, d’orfèvrerie et de joaillerie, productions en toutes matières de l’art statuaire ou de la sculpture et assemblages, dès lors que ces productions et assemblages sont exécutés entièrement de la main de l’artiste ; fontes de sculpture à tirage limité à huit exemplaires et contrôlé par l’artiste ou ses ayants droit.
Cependant, ces lois n’étaient en vigueur ni du vivant de Modigliani ni dans les années 1950 quand les tirages sont censés avoir été réalisés.
Un faux plâtre de Modigliani ?
Compte tenu des récits contradictoires dans le dossier du musée, nous avons décidé de contacter Alessandro de Stefani, le chercheur italien qui a été crédité de la nouvelle attribution de la sculpture à Dario Viterbo (courriel à la date du 23 octobre 2021). Selon lui, Modigliani a choisi la pierre comme support de ses sculptures et n'aurait pas approuvé la réalisation de fontes posthumes. Or, tous les tirages des sculptures de Modigliani ont été réalisés après sa mort. Par exemple, la Tête en bronze vendue aux enchères à Rennes a été classée « fonte posthume ». Surtout, le plâtre sur lequel est basée la Tête de femme de Lyon ne serait pas de Modigliani. De Stefani a attribué l’œuvre à Dario Viterbo sur la base d’analyses stylistiques, ce qu’il a mentionné dans la note 39 de sa publication de 2015 (Alessandro De Stefani, 2015). Il faut noter aussi que Stefani n’a pas contacter le Musée des Beaux-Arts de Lyon et que ce sont deux autres chercheurs, Flavio Fergonzi et Catherine Chevillot, qui ont vu la publication de Stefani et ont communiqué la nouvelle attribution aux conservateurs du Musée (MBA).
Selon les témoignages de ses contemporains, Modigliani sculptait directement dans la pierre (principalement des pierres de calcaire) au ciseau. Le sculpteur Jacques Lipchitz raconte que Modigliani voulait s’éloigner des influences de Rodin, et que sculpter directement dans la pierre sans faire de plâtre était sa manière de dépasser ce malaise par rapport à la sculpture de son époque (Werner, 1960). Après sa rencontre avec Brancusi en 1909, Modigliani préférait la sculpture comme moyen d’expression artistique et c’est à cause de contraintes financières et de son état de santé qu’il revient à la peinture dans les cinq dernières années de sa vie (Werner, 1960). Cela est cohérent avec l’assertion d’Alexandre de Stefani selon laquelle Modigliani sculptait uniquement en pierre, et entre donc en contradiction avec les témoignages de sa fille Jeanne.
La Tête de femme à Lyon n’est actuellement pas exposée dans les salles du Musée. Dans le dossier du Musée se trouve uniquement une photo de la sculpture en bronze où d’éventuelles inscriptions ne sont pas visibles. Il serait fort intéressant de voir la sculpture et de pouvoir examiner les inscriptions pour les comparer avec un exemplaire en vente qui porte la signature de Modigliani, le numéro I/IV et l’inscription E.J.M. (exemplaire Jeanne Modigliani) (Rennes Enchères, 2021). Cet exemplaire est probablement un tirage plus récent que la Tête de femme à Lyon étant donné sa numérotation et l’inscription E.J.M., mais sans examiner la sculpture il n’est pas possible de le déterminer avec certitude. Tout au long de nos recherches, le rôle de Jeanne et ses affirmations nous ont paru ambiguës voire suspectes. Elle a accompli des recherches respectables sur la carrière de son père, mais il semble qu'elle ait aussi pu profiter du marché de l'art par son autorité sur les œuvres de son père. Comme nous le verrons, elle était proche du sculpteur Dario Viterbo, ce qui a nourri finalement la nouvelle attribution de la Tête ainsi que les analyses stylistiques.
En définitive, nous ne croyons pas que la Tête de femme au Musée des Beaux-Arts de Lyon soit de Modigliani. L’ancienne attribution qui repose sur l’affirmation de Jeanne Modigliani semble peu crédible étant donné les incohérences dans les documents muséaux et la pratique sculpturale de Modigliani selon ses contemporains. Si au début nous avons conservé l’hypothèse du plâtre authentique tiré post mortem, la réponse d’Alessandro de Stefani indiquant que le plâtre ne venait pas de Modigliani nous a assuré que l’attribution à Modigliani était fausse. Mais la question de la présence d’un faux dans un musée demeure prégnante. Ces institutions qui concentrent l’expertise, qui légitiment l’art du passé jusqu’à nos jours n’ont probablement pas envie d’admettre qu’ils ont acquis des faux. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon a au moins accepté la nouvelle attribution, mais Seattle exposent encore sa tête comme œuvre de Modigliani, et des tirages posthumes circulent encore sur le marché.
Le rapprochement de Dario Viterbo avec la Tête de femme n’est pas anodin Viterbo était proche de Giuseppe Modigliani, frère d’Amadeo Modigliani, et aurait pu rencontrer Jeanne à Paris avant de partir pour les États-Unis en 1939. Pendant sa carrière, Viterbo a réalisé de nombreuses sculptures de têtes en bronze, dans un style proche de celui de la Tête de femme.
Dario Viterbo et La Tête de femme attribuée à Modigliani.
Écrit par Clara CLORUS, Maicon DOS SANTOS, Caroline RAMADAS, Elodie ROUX.
La Tête de femme d’Amedeo Modigliani est attribuée depuis peu de temps à Dario Viterbo, sculpteur, orfèvre et graveur. Cette attribution faite par Alessandro De Stefani (De Stefani, 2015), a été communiquée en 2018 par Catherine Chevillot, spécialiste de la sculpture du XIXe et du XXe siècle (Documentation du Musée des Beaux-Arts de Lyon). Elle a travaillé sur la collection des sculptures du musée de Lyon, en apportant sa collaboration au catalogue Sculptures du XVII au XX siècle où la Tête de Femme est mentionnée.
Dario Viterbo : artiste professionnel et éventuel faussaire
Né à Florence le 25 janvier 1890 et mort à New York le 11 novembre 1961, Dario Viterbo passe son enfance à Florence (Romano, 1956). Sa mère, peintre et copiste de galerie, l’a initié à la pratique artistique (Pazzaglia, 2020). En 1912, il intègre l’Académie des Beaux-arts de Florence, et lors de ses études dans cette académie, il suit des cours de peintures, puis de sculptures avec le maître Augusto Rivalta, professeur de sculpture à l’Académie Florentine depuis 1870 (University of Arkansas). La Première Guerre mondiale met la carrière de Viterbo en suspens, mais il reprend ses activités dès 1920, année durant laquelle il se consacre à la production de sculptures. Au début des années 1920, il participe à de multiples événements et expositions artistiques à Milan, Monza et dans d’autres capitales d’Europe (Morotti, 2018). En 1924 a lieu la 14e Biennale de Venise lors de laquelle il présente le Rêve (sculpture en marbre). En 1925, il prend part à l’exposition des Arts décoratifs à Paris, à l’occasion de laquelle il remporte plusieurs prix. C’est d’ailleurs après cette exposition, qu’il décide de s’installer à Paris avec Ada Vera son épouse. Juif et communiste, il fuit l’Italie fasciste. Arrivé en France vers la fin des années 1920 (Morotti, 2018), il rencontre Giuseppe Emanuele Modigliani, le frère du célèbre artiste Amedeo Modigliani, qui fréquente sa Maison-Atelier, lieu de rencontre d’artistes italiens fuyant eux aussi l’Italie de Mussolini (Pazzaglia, 2020). Viterbo fait également partie des artistes florentins du groupe « l’Arca », communauté fondée par Giuseppe Lanza del Vasto. Philosophe et sculpteur italien, Del Vasto a créé ce groupe dans le but de militer pour la paix en s’inspirant des ashrams de Gandhi. La participation de Viterbo à ce groupe témoigne de son engagement contre la persécution des populations minoritaires et stigmatisées, comme c’était le cas des juifs à cette époque.
Dario Viterbo et son épouse Ada Vera obtiennent la naturalisation en France en 1939 par le biais du ministre de la Justice. Néanmoins, l’année suivante, le couple est contraint de fuir Paris en raison de l’occupation allemande, et ils décident de s’installer à New York. Mais ce départ précipité aura eu pour conséquence de laisser de nombreuses sculptures dans son atelier à Paris, qui par la suite n’ont pas été retrouvées. Après une période difficile, Viterbo obtient à New York une reconnaissance pour son travail artistique.
L’attribution de la Tête de femme à Dario Viterbo en 2018 : une attribution allant à l’encontre du témoignage de Jeanne, la fille de Modigliani et de Gio Colucci, sculpteur italien
Comme nous l’avons vu, Jeanne, fille de Modigliani a affirmé dans une lettre datée du 9 décembre 1952, conservée dans la documentation du Musée des Beaux-Arts de Lyon, que le buste était bien d’Amedeo Modigliani. Toutefois, il est important de souligner que Jeanne Modigliani est née en 1918, soit deux ans avant la mort de son père. Sa mère s’est suicidée le surlendemain de la mort d’Amedeo, rendant ainsi difficile une affirmation objective de la part de Jeanne concernant la paternité de l’œuvre. Par ailleurs, Jeanne n’a pas été la seule à affirmer que la Tête de femme était de Modigliani. Le 26 Janvier 1953, Gio Colucci, sculpteur florentin à Paris, rédige une lettre dans laquelle il cite les propos inscrit par Jeanne Mondigliani dans sa lettre du 9 décembre 1952 qui confirme l’attestation de la tête à Amadeo Mondigliani, dont une copie certifiée est également conservée dans les archives du Musée des Beaux-Arts de Lyon (MBA Lyon). Son témoignage venait donc corroborer celui de Jeanne. Nous savons cependant que la jeune Jeanne a pu rencontrer Dario Viterbo à Paris, car son oncle, Giuseppe Emanuele Modigliani, était très proche de lui (Guarnieri, 2019).
Dario Viterbo et ses têtes en bronze, toute une passion…
Dans la continuité de la Tête de femme conservée au Musée de Lyon, toute une série a été réalisée par Dario Viterbo, éparpillée à travers des achats et des. Ses têtes en bronze témoignent de son style particulier. Entre 1939 et 1940, il exécute à Paris le portrait en bronze d’Arthur Sambon, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum de New York, rendant ainsi hommage à son ami. Il parvient avec force et talent à faire ressentir par de simples traits, le calme, la douceur de l’homme, ainsi que son admiration pour lui, fruit de leur grande amitié. Il présente et fige dans le temps la sagesse du personnage. La passivité se ressent à travers chaque élément de son visage. Ses sourcils et ses yeux sont placés bas, calmes et quasiment clos, sa bouche esquisse un léger sourire. Viterbo singularise chacune de ses têtes en développant des traits particuliers dans chaque expression. Avec Mia moglie, créée en 1945 à New York, il représente le visage d’une femme souriante, apaisée. Dans cette composition sont exprimées la force de la jeunesse et la tranquillité, grâce à un visage pétillant qui accentue la joie. Parmi ces œuvres, une en particulier se rapproche du bronze attribué à Modigliani.
Dario Viterbo et L’incantamento une œuvre dont le style ressemble à la Tête de femme.
Parmi toutes ses œuvres en bronze, l’Incantamento (Enchantement), est aujourd’hui conservée à l’Université de l’Arkansas. Sculptée en 1942 par Dario Viterbo, elle représente pour lui une continuité dans sa création. La tête a une expression très particulière, les sourcils sont relevés et surlignent les yeux grands ouverts. Le nez tracé finement modèle le visage en une parfaite symétrie. Les joues rebondies et la bouche pincée, donnent une expression particulière à la tête, avec la bouche entrouverte, la tête semble vouloir nous murmurer quelque chose. En 1950, la tête est exposée au Sculptors Guild Annual Show, à la galerie Argent de New York, et est acclamée par le New York Times et The Art Digest. La sculpture sera ensuite achetée par Marie Wilson Howells, philanthrope, issue d’une importante famille de l’État d’Arkansas aux États-Unis. À son décès la tête sera remise en don à l’Université de l’Arkansas où elle se trouve encore aujourd’hui. Grâce à l’argent de cette vente, Viterbo souhaitait rentrer à Florence avec son épouse, mais il meurt à New York en 1961, sans pouvoir apporter les œuvres réalisées en Amérique, ce qui aura été accompli en partie l’année suivante, par son épouse (Pazzaglia, 2020).
Contraint à plusieurs reprises de fuir les vicissitudes d’une moitié de siècle marquée par des guerres et des persécutions, et tel un pèlerin transitant entre Florence, Paris et New York, Dario Viterbo semble avoir trouvé dans ces grandes villes et par ses rencontres, l’inspiration nécessaire pour exprimer sa passion et sa vocation artistique, dont ses œuvres témoignent encore de nos jours. On peut donc conclure que l’œuvre Tête de femme est un faux Modigliani, mais un vrai Viterbo.
BIBLIOGRAPHIE
ADAM Georgina, “The dangerous, fake-riddled world of Modigliani”, The Art Newspaper, 1 mai 2002. [En ligne] https://www.theartnewspaper.com/2002/05/01/the-dangerous-fake-riddled-world-of-modiglianis [consulté le 18 novembre 2021]
BARBILLON Claire, CHEVILLOT Catherine, PACCOUD Stéphane, VIRASSAMYNAIKEN Ludmila (dir.), Sculptures du XVIIe au XXe siècle, Musée des Beaux-Arts de Lyon, Paris, Somogy, 2017, p.549.
DE STEFANI, Alessandro, « Modigliani alla Cité Falguière : la prima fase della scultura nel suo contesto immediato », Rome – Villa Médicis, Studiolo, n° 12, 2015, p.242 -353
GIORIO, Maria Beatrice, « Prime note sull’attività e sulle fonti parigine di Dario Viterbo », dans Arte a Friuli Arte a Trieste 28, 2009, p. 207-222. [En ligne] https://www.academia.edu/2915292/_Prime_Note_sullattivit%C3%A0_e_le_fonti_parigine_di_Dario_Viterbo_Arte_in_Friuli_Arte_a_Trieste_28_2009_207_22 [consulté le 24 novembre 2021]
GUARNIERI, Patrizia, LO MONACO, Elisa, « Ado Vera Bernstein Viterbo » (2020), dans Intellectuals Displaced from Fascist Italy, Firenze University Press, 2019, p.1-17. [En ligne] https://intellettualinfuga.fupress.com/upload/2324.pdf [consulté le 21 novembre 2021]
LAMBRONI, Giovanna, MANNINI, Lucia, Dario Viterbo. Un artista tra Firenze, Parigi e New York. Opere e documenti, éd. Edifir, Firenze, 2019.
MOROTTI, Laura, et autres, Viterbo Dario, 04/2018, SIUSA - Sistema Informativo Unificato per le Soprintendenze Archivistiche. [En ligne] https://siusa.archivi.beniculturali.it/cgi-bin/pagina.pl?TipoPag=prodpersona&Chiave=50562&RicProgetto=personalita [ Consulté le 23 novembre 2021]
PAZZAGLIA, Chiara, Dizionario biografico degli italiani” , Istituto della Enciclopedia italiana fondata da Giovanni Treccani, vol. 99, 2020, sur DOI 10.7393/DBIOL-164
PERRAULT Sébastien, La réglementation des bronzes d’art, La Revue Experts, n° 16 – 09/1992. [En ligne] https://www.gillesperrault.com/la-reglementation-des-bronzes-dart/ [consulté le 18 novembre 2021]
ROMANO, Giorgio, “Lo Scultore Dario Viterbo”, La Rassegna Mensile Di Israel, vol. 22, no. 11, Unione delle Comunitá Ebraiche Italiane, Novembre 1956, pp. 508–11. |En ligne] http://www.jstor.org/stable/41278075 [ Consulté le 23 novembre 2021]
WERNER Alfred, “Modigliani as a Sculptor”, Art Journal, 1960-1961, Vol. 20, No. 2 (Winter, 1960-1961), p. 70-78.
« Enchantment » by Dario Viterbo, University Libraries of University of Arkansas. [En ligne] https://libraries.uark.edu/info/exhibitgallery.php?ExhibitID=10 [Consulté le 23 novembre 2021]
Opera Gallery, Masterpiece Collection, Singapore Art & Gallery Guide, 2019. [En ligne] https://sagg.info/event/masterpiece-collection/ [consulté le 18 novembre 2021]
Rennes Enchères, Lot 464, MODIGLIANI Amedeo, 1884-1920 Tête de femme bronze à patine verte nuancée, fonte [...], Auction.fr, 2021. [En ligne] https://www.auction.fr/_fr/lot/modigliani-amedeo-1884-1920-tete-de-femme-bronze-a-patine-verte-nuancee-fonte-17762301 [consulté le 18 novembre 2021]
Seattle Art Museum, Head of a Young Girl ou Tête de femme, Seattle Art Museum. [En ligne] https://art.seattleartmuseum.org/objects/6075/head-of-a-young-girl-tete-de-femme [consulté le 18 novembre 2021]
Comentários