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Foire 1:54 : La création artistique africaine contemporaine face à l’Occident.

Le nom 1:54 symbolise le continent africain constitué de 54 pays. Première foire d’art contemporain consacrée à la scène artistique africaine, elle fait l’objet d’analyses actuelles qui montrent son caractère incontournable aujourd’hui. 1:54 fut créée en 2013, à l’initiative de Touria El Glaoui, fille du peintre Hassan El Glaoui, favori du roi marocain. Les foires sont bien souvent l’unique occasion d’admirer les œuvres avant qu’elles n’entrent dans les collections privées. Outre la découverte de multiples créations, elles favorisent également la rencontre de nombreux galeristes et artistes, ainsi que de conservateurs, commissaires d’expositions, collectionneurs de renom, et directeurs de grands musées. Avec 1 :54, en quelques jours, une réelle effervescence se forme autour de cette scène artistique, témoin de la richesse et de la diversité des productions culturelles africaines. Les thématiques chères aux artistes issus de l’Afrique et de sa diaspora, sont ici dévoilées.


  • Promotion de l’art africain contemporain.


Implantée à Londres depuis ses débuts, 1:54 a lieu sur quelques jours au début du mois d’Octobre, dans l’enceinte de la prestigieuse Somerset House. Le succès croissant des éditions contribue à la valorisation des artistes et galeries présentés. La rigoureuse sélection artistique, révélatrice de la scène africaine, fait de la foire 1:54 l’étape incontournable de tout amateur d’art. La dernière édition londonienne a enregistré près de 20.000 visiteurs en quelques jours. Le public découvre cet art, à des prix « raisonnables ». L’objectif est de propulser de jeunes artistes en leur offrant une nouvelle visibilité.


Figure 1. Scénographie de Mariane Ibrahim Gallery (Seattle), lors de l’édition 2016 de la foire 1:54 à Londres. © artsy.net, 2016.



Le marché de l’art contemporain est fortement déséquilibré, si ce n’est fragmenté. La foire, réservée aux arts contemporains d’Afrique, a son importance. Alors que l’hégémonie des productions occidentales domine, talonnée par les arts d’Asie, les arts africains demeurent en retrait. Ainsi, pour l’année 2014, Jeff Koons réalise un chiffre d’affaires de 123 millions d’euros, tandis que son ‘équivalent’ africain, El Anatsui, l’artiste le plus cher du continent, ne dépasse pas les 4 millions d’euros… Vivant au Nigéria, cet artiste-phare a reçu en 2015, pour l’ensemble de son œuvre, un Lion d’Or à la célèbre Biennale de Venise. Exposée la même année à la foire 1:54 de Londres, l’œuvre prêtée par un musée, n’était pas à vendre. Composée de matériaux de récupération, elle démontrait d’emblée les talents et richesses du continent africain en élevant à un niveau artistique la pratique commune du recyclage.


Figure 2. El Anatsui, Gravity and Grace, matériaux de récupération, 2010, © El Anatsui.


  • Internationalisation de la création africaine.


Dans une même optique d’internationalisation, la foire s’est depuis 2015 étendue à New York. Le public de 1:54 a pu y découvrir notamment, comme depuis le lancement des éditions londoniennes, les séries photographiques de Fabrice Monteiro. Entre esthétique et histoire, l’artiste, d’origine béninoise, se consacre à des thèmes qui lui sont chers, tels l’esclavagisme ou l’écologie. La pertinence de ses travaux, dotés d’une grande sensibilité aux portraits, en fait une « valeur sûre », proposée aux éditions new-yorkaises. L’extension de la foire sur d’autres continents affirme sans doute la cote de ces artistes sur le marché.


Figure 3. Fabrice Monteiro, untitled #1, série photographique « The Prophecy », 2014, © Fabrice Monteiro.


En février 2018, 1:54 s’est pour la première fois tenue à Marrakech, pays d’origine de Touria El Glaoui. L’implantation de la foire en Afrique était l’un des objectifs premiers. Par rapport à d’autres pays africains, le Maroc ne nécessite aucun vaccin ou visa préalable, ce qui en facilite l’accès. Positionnée entre le marché international et local, la foire souhaite attirer de nouveaux visiteurs afin que cet art soit accessible au marché local et acquis par les Africains eux mêmes. Dans ces pays en développement, l’art demeure réservé aux élites. Le marché de l’art africain contemporain risque alors d’être vite absorbé par la puissance économique de l’Occident. La main mise sur ces œuvres les rend inaccessibles au continent dont elles sont pourtant originaires.


La politique de valorisation des créations africaines contemporaines par la foire 1:54 permet la reconnaissance publique de ces productions artistiques issues du continent Africain. Bien que nécessaire, la médiatisation de ce nouveau marché, par sa commercialisation à bas coûts, peut mener à un risque de banalisation. L’appropriation de ce nouveau marché, dans sa globalité, ne doit pas en faire oublier ses réelles et multiples subtilités.


Sources :


Malaurie Chokoualé, « Il faut en finir avec l’exotisation de l’art contemporain issu du continent africain », Libération, 2 mars 2018, en ligne ; http://next.liberation.fr/arts/2018/03/02/il-faut-en-finir-avec-l-exotisation-de-l-art-contemporain-issu-du-continent-africain_1633321 : Consulté le 4 mars 2018.


Marion Dupuch-Rambert, « Du Marché de l’Art Contemporain Africain au Marché de l’Art en Afrique.. Is it all about business ? » (en ligne), GoBetween Art Agency, 4 juin 2016, en ligne : https://gobetweenafrica.com/2016/06/04/du-marche-de-lart-contemporain-africain-au-marche-de-lart-en-afrique-is-it-all-about-business/. Consulté le 28 novembre 2017.


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