Art/Afrique le nouvel atelier : Une personne pour deux visions sur l’art africain contemporain
L’Afrique s’est invitée à Paris du 26 avril au 4 septembre 2017 avec une exposition proposée par la fondation Louis Vuitton, Art/ Afrique : Le nouvel atelier. Suzanne Page, commissaire d’exposition, fait le choix d’un dialogue entre deux expositions : "Les initiés, un choix d’œuvres de la collection Pigozzi" et "Etre là : Afrique du sud, une scène contemporaine", complétées par une sélection d’œuvres de la collection de la Fondation Louis Vuitton. La Fondation Louis Vuitton fait le pari impressionnant d’exposer au sein de ses 3800 m² un grand nombre d’artistes afin de donner un aperçu sur la production contemporaine africaine.
Affiche de l’exposition Art/Afrique le nouvel atelier,
© siteweb de la fondation Louis Vuitton
« Les initiés, un choix d’œuvres de la collection Pigozzi » : retour à une conception ‘traditionnelle’ de l’art africain
L’exposition réunit quinze artistes emblématiques de la scène contemporaine africaine. Le titre de l’exposition "Les initiés" renvoie à des artistes emblématiques tous héritiers d’un savoir spirituel, scientifique et technique, développant des mondes à travers une infinie variété de médiums.
On y retrouve Romuald, Chéri Samba, Fréderic Bruly Bouabre, Seydou Keita ….
Jean Pigozzi, riche héritier de la société Sigma, tombe sous le charme de l’art africain contemporain à la suite de sa visite de l’exposition Les Magiciens de la terre en 1989. Suite à cet engouement, il charge André Magnin, alors commissaire de cette exposition, de lui constituer une collection d’art africain contemporain.
Chéri Samba, l’espoir fait vivre n°2, 1997, 130 X 194 cm., © PRAT Marion
Ce dernier sélectionne alors des artistes sur la base de trois critères : être un artiste noir, vivant en Afrique, et n’ayant pas fait l’objet d’une formation artistique. La collection Pigozzi a soulevé de très nombreuses critiques du fait des critères très restrictifs choisis. En effet, ils tendent à essentialiser la question de la nature de l’art africain et posent un regard clairement post-colonialiste sur ce qu’est aujourd’hui un artiste africain. Cependant, il va sans dire que Jean Pigozzi a permis de faire connaître un grand nombre d’artistes ainsi sortis de l’anonymat.
Néanmoins, la place de cette collection au sein d’Art/Afrique : le nouvel atelier, pose question, car elle s’appuie sur des artistes déjà très présents médiatiquement. Suzanne Page sélectionne ainsi la collection Pigozzi au lieu de mettre en avant une nouvelle génération d’artistes, comme le propose le nom de l’exposition. On peut donc se demander si la collection Pigozzi n’est pas un simple coup de publicité pour la fondation Vuitton ?
« être là : Afrique du sud, une scène contemporaine » : une scénographie générationnelle
Le titre de l’exposition « Etre là » provient du choix d’exposer des artistes sud africains, une scène actuellement très dynamique dans la production d’art contemporain. Il s’étaye sur des artistes assumant un positionnement social et économique engagé. Les thématiques abordent ainsi des questions liées à l’identité, au genre, à la ghettoïsation…
Le parcours se base sur trois générations d’artistes qui s’inscrivent dans une même thématique et dans une continuité historique. Le regard de trois générations s’avère ainsi extrêmement intéressant. À l’inverse de la collection Pigozzi, Suzanne Page aborde la question de l’identité de l’artiste africain. Elle choisit de présenter un grand nombre d’artistes femmes, ainsi que des artistes issus de la diaspora, ayant tous une vision et une critique des ségrégations économiques et sociales en Afrique du sud. Vous retrouverez lors de cette exposition des grands noms, tel que Jane Alexander, Sue Williamson, David Goldbatt.
Jane Alexander, Installation, 118 × 1 200 × 200 cm., , 2017. © PRAT Marion
Une autre vision ?
Pour ceux qui n’en auraient pas encore plein les yeux, une autre exposition Afrique Capitales se déroulait en parallèle à la Grande Halle de la Villette (29 mars-28 mai 2017). Une vision encore différente y était proposée par le camerounais Simon Njami, commissaire d’exposition : l’Afrique comme une ville. En niant, le White Cube, il permet la création d’un espace de vie, un lieu d’expérience où le spectateur n’a pas qu’un rôle de consommation.